Carnet de critiques et billets divers d'une cinéphile active mais peu réactive... Ecriture intermittente garantie.
La publication de l'article consacré à Deux Jours, une nuit a suscité des commentaires qui n'ont pas été publiés sur le blog. Chers lecteurs, puisque vous n'avez pas nécessairement accès à ces points de vue intéressants qui peuvent donner un autre éclairage sur le film, je reproduis ici les conversations qui ont eu lieu en une sorte de "table ronde fictive".
Cet article inaugure une nouvelle catégorie d'articles nommée "Réplique(s)".
Conversation I :
L.B. : Ce que l'article dit du personnage est juste, j'y vois pourtant au contraire toute la grandeur et l'intelligence du film. La fin n'est pas un happy end justement. C'est pire. Sandra n'y arrivera pas, c'est sûr. En revanche, elle a réussi à dire non.
Conversation II:
J.D.: Il convient de préciser que le combat que Manu fait mener à Sandra n'est pas tant contre l'injustice sociale (perdu d'avance en fait et c'est peut-être ce qui est le plus déprimant du film) mais contre sa dépression et elle-même. Pour moi, la scène clé est la tentative de suicide que je trouvais à première vue caricaturale, mais qui renvoie à son vrai combat. J'ai été davantage gêné par la relation avec les enfants...
C.P.: La reprise du combat juste après la tentative de suicide reste pour moi problématique car je ne peux m'empêcher d'y voir une réaction liée à la culpabilité.
J.D.: Je pense plutôt qu'elle est à ce moment motivée par l'espoir... La culpabilité vient après, quand elle propose à sa collègue de l'acceuillir, mais l'espoir prime. Il y a à ce moment une forme de sursaut de vie qui transparait dans la façon dont elle le joue, notamment avec la phrase "j'ai avalé toute une boîte de Xanax" qui sort d'un coup, comme le souffle du noyé qui reprend vie...
C.P.: Pourtant, elle ne semble pas sortie de la dépression à la fin... et le mari?
J.D.: Le problème c'est elle, sa dépression qui dure depuis longtemps, ce qui explique la façon dont il la bouscule. C'est dur, mais je pense qu'il la pousse à aller au delà de son "mode de défense habituel" (repli, cachets, suicide etc...) et, au final, même si on peut ne pas être d'accord avec ça dans la caractérisation du personnage, elle atteint quand même une partie de ce qu'elle voulait, cette forme de légèreté qu'elle enviait à l'oiseau ("je voudrais être comme lui là haut") dans une scène où le mari est bien montré comme un soutien pour sa femme qui agit pour elle, et non contre elle.